Emmanuelle Schmitt travaille essentiellement le dessin et la photographie. Son intérêt pour la fragilité, le caractère éphémère des choses et des phénomènes motive sa démarche. Elle expérimente les matières et les techniques, et chaque matériau est choisi pour ses caractéristiques physiques mais aussi pour sa cohérence par rapport au thème et au lieu d’exposition. Ainsi, elle privilégie la volatilité de la poussière, le froissement du plastique ou sa transparence, la brillance de l’aluminium, ou encore la malléabilité de la feuille de riz. Elle utilise assez peu la couleur, ou par petites touches très légères. L’étudiante recherche l’esthétisme, prenant pour point de départ l’imagerie pseudo-scientifique ( les vues au microscope notamment) et le monde des insectes, qu’elle explore dans de minutieux travaux. Emmanuelle Schmitt s’est rendue en Chine où elle a notamment appris la technique du papier découpé, grâce auquel elle réalise des sortes de dessins très légers et fragiles. Les experiences qu’elle conduit autour de la photographie prend également une place considérable dans ses recherches. L’exposition des objets à la lumière, les manipulations du papier lui permettent d’obtenir des résultats étonnants. Il s’agit pour l’étudiante de faire des dessins parfois sans crayon et des clichés sans appareil photo. Travaillant à la frontière du dessin et de la photographie, elle affectionne logiquement l’approche de Dove Allouche. En ce qui concerne la photographie, c’est lors de la phase de développement de ses clichés, qu’elle expérimente les jeux de lumière. Ainsi, elle obtient des effets de transparence quasi fantomatiques, voir spectraux. Elle a, par exemple, réalisé en 2013 une série de neuf photogrammes à partir de résidus de colle. Ces expérimentations rappellent les techniques mises au point par Man Ray dans les années 1920, avec notamment son fameux rayogramme, caractérisé par les effets de transparence et de lumière. Elle s’intéresse particulièrement à la notion d’accident. En effet, l’apparition d’effets non-prévus initialement l’inspire, et elle trouve le moyen de provoquer ces « accidents » via l’appareil photographique ou encore les périphériques numériques tel que le scanner. En scannant les négatifs des photographies qu’elle prend à l’aide d’une chambre photographique, elle les retravaille ensuite à l’ordinateur. à l’aide du scanner, elle a aussi numérisé du papier aluminium puis des sacs plastiques modelés, afin de jouer sur l’impact de la lumière sur la matière. Les matériaux une fois placés dans la machine, étaient agités pour laisser l’appareil interpréter le résultat de manière aléatoire, et créer ainsi des distorsions. L’effet produit apparente ces matières à quelque méduse diaphane flottant dans un espace noir. L’accident vient accentuer l’effet d’apparition fugitive qu’affectionne
l’étudiante.
Cléo Morel