Le travail de Laurie Gicquel repose sur des compositions murales exploitant les propriétés physiques de la couleur et les effets de la lumière sur cette dernière. Principal sujet de ses travaux, la couleur est utilisée comme source d’expériences visuelles. Les recherches de Laurie Gicquel sont héritées de l’art cinétique et plus précisément de l’Op’art, dont l’appellation vient de l’exposition au MOMA «The Responsive Eye», s’imposant en Europe à partir de 1965. «Optical Art » désigne des œuvres basées sur des jeux d’optique. Les œuvres relevant de ce mouvement sont produites en série et se transforment selon le déplacement du spectateur au cours de son, sans être elles-mêmes mobiles. Elles sont fondées sur l’illusion optique, certaines couleurs «vibrant», produisant des effets changeants. La traduction des recherches de Laurie Gicquel se fait à travers l’emploi de modules circulaires réalisés artisanalement. Il répondent à deux types de fabrication : le papier collé et le papier roulé, ainsi qu’à deux formes principales, l’une étant la contrepartie de l’autre. Si l’étudiante crée plusieurs variations à partir de son module de base, elles obéissent toutes à un même principe : la face est blanche et la tranche est colorée. Les modules possèdent aussi les mêmes dimensions, à savoir un extérieur de 5 cm et un intérieur de 3.3 cm. Pour chaque type de module, Laurie Gicquel établit un protocole précis. Celui-ci indique les dimensions de chaque partie ainsi que le nombre à produire pour la réalisation de la composition murale. La couleur nécessite un temps d’observation, elle n’est jamais directement perceptible. Lorsque la pièce, composée par ces modules, est vue de face, elle est dominée par le blanc. Mais la couleur se révèle au spectateur lorsque celui-ci se déplace pour la regarder sous divers angles. Chaque arrangement mural fait l’objet d’une réflexion sur les couleurs utilisées. Certaines contiennent uniquement les couleurs du spectre lumineux tandis que d’autres intègrent des nuances plus acidulées. Les œuvres de Laurie Gicquel sont conçues comme une invitation à partager une expérience sensorielle. L’accrochage des modules est lui aussi le fruit de décisions mûries. Il prend des formes diverses : certaines compositions au mur reprennent le format du tableau, tandis que d’autres envahissent tout un mur. L’accrochage dépend en partie de l’espace dans lequel l’étudiante conçoit ses arrangements muraux. En effet, elle cherche de plus en plus à jouer avec la structure du lieu, variant le nombre et la répartition des modules selon leur place part rapport à l’élément architectural avec lequel elle souhaite interagir. La lumière est l’élément indissociable de la couleur. Laurie Gicquel lui accorde une place primordiale. En effet, les modules sont collés sur des murs blancs et le contact de la lumière avec ceux-ci engendre une réémission colorée sur le mur. La jeune artiste réfléchit donc son accrochage en fonction des mélanges chromatiques par réémission qu’elle veut obtenir. Si la jeune femme veut se faire mélanger optiquement les réémissions, les modules doivent être rapprochés, et au contraire plus éloignés pour qu’elles soient distinctes les unes des autres.


Delphine Cantat

Laurie Gicquel