La mort est un sujet tabou du xxe et xxie siècle. Pourtant, c’est bien de ce sujet ainsi que de ses conséquences que Pauline Chappet a décidé d’explorer à travers ses œuvres. En effet, la jeune femme s’inspire de son vécu, qui a été jalonné par la perte d’êtres chers pour questionner les notions de deuil, de mémoire. Les pièces qui en découlent comportent donc un important caractère autobiographique et sont empreintes d’une forte charge émotionnelle. La perte est évoquée par exemple dans Demeure. Un coffrage en bois en forme de maison est renversé sur le côté ; de la terre s’en échappe suite à l’échec d’un moulage et se répand sur le sol. Cette terre possède une symbolique forte. En effet, elle provient du lieu où ont été dispersées les cendres de l’un de ses proches. En voulant lui faisant adopter la configuration d’une maison, la terre devient ainsi une demeure. La perte entretient des liens étroits avec le souvenir. Après la perte d’un être cher, les proches se rattachent au souvenir, qui permet mentalement de «faire revivre» la personne indéfiniment. Dans la vidéo Châsse, Pauline Chappet filme et enregistre sa grand-mère qui relate entre autres des parties de chasse racontées de mémoire ainsi que la perte de son mari passionné par cette activité. La vidéo débute sur un gros plan de vêtement de chasse durant lequel la grand-mère raconte une tragédie : la mort de son beau-père suite à une crise cardiaque lors d’une partie de chasse. On découvre par la suite, qu’après la mort de son propre mari, la dame a enfermé tout ce qui était lié à cette activité puisque comme elle le dit : « j’ai épousé sa passion (la chasse) ». L’artiste filme entre autres, les deux trophées restant de têtes taxidermisées que la grand-mère a soigneusement emballé dans un plastique et fermé dans un placard. Ce matériau nous rappelle l’univers des chambres froides et l’armoire se transforme en reliquaire. Pauline joue sur le mot
« chasse » en ajoutant un accent circonflexe sur le « a ». De la sorte, elle renvoie à la châsse terme religieux évoquant les reliques des saints qui ont été l’objet de vénérations. La jeune femme a pour postulat de départ la mort et les sentiments qui l’accompagnent. Cependant, outre les formes qu’elle donne à cette expérience, Pauline Chappet puise aussi dans l’imaginaire de l’enfance, de ses jeux ou encore ses contes qui se manifestent à travers des performances, vidéos ou encore des dessins. Par exemple, Pauline Chappet joue à la marelle en passant de la terre au ciel tout en prenant soin d’effacer le tracé de celle-ci. Nous pouvons également voir dans le dessin Récréation réalisé avec du papier transfert que l’artiste dessine en ‘aveugle’, où le trait surgit de manière intuitive et spontanée et vient nous raconter des histoires où se mêlent scènes de carnaval, fête d’anniversaire ou encore animaux et dans lequel la question du renouveau et de la célébration de la vie est mis en exergue.


Pauline Chappet

Pauline Chappet